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Comme chaque année depuis quatre ans, Stéphane Ripon et sa troupe ont mis les voiles au Théâtre de l’Orme. C’est à chaque fois un plaisir de voir débarquer ce chorégraphe en résidence à Bougival. Entouré de toute son équipe, on sent un véritable respect pour le lieu qui les accueille et même une symbiose. Au-delà du professionnalisme et du talent, il y a une incroyable écoute entre cette troupe et cet espace qui rassemble, comme aucun autre peut-être, les spectateurs et les interprètes. Alors on serait amené à lâcher un « no comment » tant le reste n’a presque aucune importance, l’essentiel étant déjà acquis. Mais, au fait, No Comment ne serait-il pas le titre de la nouvelle création de Stéphane Ripon ? Hein ? Je crois bien que oui… Oui… Il semble bien que… C’est ça, oui, No Comment… Parlons-en, tiens !
Au commencement était l’acteur. Celui qui montre et se montre puis qui parle, essaye de comprendre, dire. Tâche bien ingrate surtout quand il faut aussi divertir. Et puis, il y a le corps, celui qu’on ne comprend pas toujours très bien, bouge, souffre, se tord, exulte, s’obstine et finit par dicter sa propre vérité. Stéphane Ripon entame ce dialogue avec ses danseuses (Stépahanie Porcel, Muriel Nicolas, Cécile Anet et Virginie Dissard) et un comédien (Alain Sabarter). Comme il l’affirme lui-même, il ne s’agit pas forcément de comprendre mais juste de se laisser emporter dans cette promiscuité, ce dialogue, cette sueur, ces incompréhensions, le tout entouré d’une élégante distance comique. Pas question de s’embourber dans des concepts mais juste prendre ce moment comme une immense bouffée d’air que l’on inspire et que l’on expire. C’est parfois violent, suffoquent mais c’est surtout libérateur.
Georges Ghika