samedi 11 juillet 2009

Dans le noir


Les impressions de Laurent Azimioara

"Inquiétant titre d’un auteur qui divorce des sentiers battus et qui arrive dans l’univers théâtral contemporain avec une étonnante fraîcheur, une pudeur naturelle et une force poétique virile.
Georges Ghika ne ressemble à personne. Il est unique.
Il délire sur nos sentiments, sur les guerres-affinités du tandem Femme-Homme dont l’éternité ne percera jamais le mystère.
Désirs, frustrations, doutes, désespoirs, les condiments de l’amour sont présents dans son œuvre, se confondant avec l’expérience, le vécu de nous tous, mortels coupables du Pêché.
La bonne étoile de cet événement, George Ghika, rayonne partout : le magnifique espace qu’est le Théâtre de l’Orme, ses ombres inattendues, ses lumières caressantes, les sons et le silence ………. et les quatre comédiens, jeunes, déjà grands, qui se regardent, s’affrontent, se déchiquettent, s’aiment dans la douleur et la folie, et s’écoutent pour vivre et mourir.
Quand Véronique Garin est entrée en scène, elle a donné tout l’aura d’un moment rare qui anime le secret d’un comédien : Elle a quitté la civilité pour entrer dans la magie de la création. Son corps élancé, ses yeux intelligents, brillants, changeant entre la souffrance et l’extase, sa voix un peu nasillarde, ses mains parlantes, tout parlait de son art qui s’avère riche, inédit, personnel.
Gowen Pottiez. Oh, mon Dieu, je l’ai adoré. Perché presque pendant tout le spectacle sur un siège de bar, placé au fond de la scène, derrière une colonne, il défiait la matière. Ses yeux ronds, deux obsidiennes qui rient, qui s’étonnent, qui haïssent, qui se moquent et, en somme, qui sont émouvants. Gowen Pottiez fait partie de cette espèce distingué d’artistes d’un passé qui est toujours présent : Raimu, Bourvil, Gabin ….. Les sentiments, les réflexions, il les assimile dans un tout harmonieux qui se dégage entièrement de son être.
Iris Carpentier est : « Et Dieu créa la Femme ». Comme, par hasard, il y a déjà un film culte avec ce titre.
Elle est irrésistible. D’une beauté divine, elle dépasse le corps humain et sa viande. Elle devient immatérielle, se métamorphose en chat sauvage, on voudrait la tenir dans nos bras, la caresser, mais ses griffes ne sons pas loin. Avec un débit vocal d’une intelligence brillante, elle conduit son personnage dans les sublimes et les abîmes de l’être humain. De la femme.
Roman Girelli, un magnifique artiste de cette génération qui promène pendant le spectacle sa flegme à la mode, sa fragile virilité qui est bien construite par le comédien.
C’est un comédien qui est propriétaire d’un sens authentique de la scène ; aucune fausse note. Il dégage sympathie et je voudrais bien qu’il garde une sorte d’innocence perverse avec laquelle il charme dans ce spectacle de Georges Ghika. Spectacle qui, je voudrais le croire, ouvre une grande porte vers une nouvelle dramaturgie."